PRIMPERAN® (METOCLOPRAMIDE)

Contre-indication des spécialités à base de métoclopramide (primpéran® et génériques) chez l’enfant et l’adolescent et renforcement des informations sur les risques neurologiques et cardiovasculaires

L’Afssaps, après avoir procédé à la réévaluation du rapport bénéfice/risque du métoclopramide (Primpéran® et génériques) chez l’enfant, a décidé de contre-indiquer ces spécialités chez les moins de 18 ans. En conséquence, les autorisations de mise sur le marché ont été révisées afin de mentionner la contre-indication chez l’enfant de moins de 18 ans et de préciser que l’utilisation est réservée à l’adulte. Ces modifications seront effectives à compter du 9 février 2012, date à laquelle un rappel des lots sera mis en œuvre. Dans l’attente de la mise à disposition des produits avec une boîte et une notice mises à jour, tous les lots distribués seront étiquetés avec la mention « contre-indiqué chez l’enfant de moins de 18 ans ». En outre, les spécialités à usage exclusivement pédiatrique, en arrêt de commercialisation depuis juillet 2011, feront également l’objet d’un rappel des lots restant sur le marché, le 9 février 2012.

Chez l’adulte, le métoclopramide reste indiqué mais un renforcement des informations concernant les risques neurologiques et cardiovasculaires a été ajouté aux RCPs et notices .

  Informations complémentaires

Le métoclopramide est un neuroleptique antagoniste de la dopamine ayant des propriétés antiémétiques. Les spécialités à base de métoclopramide (Primpéran® et génériques) sont disponibles sous différentes formes pharmaceutiques (comprimé, solution buvable, suppositoire, solution injectable) et sont indiquées dans les nausées et vomissements induits ou non par les chimiothérapies.

Les données disponibles à ce jour montrent que le métoclopramide présente un profil de risque défavorable avec un risque augmenté de survenue d’effets neurologiques, notamment de syndromes extrapyramidaux, dans l’ensemble de la population pédiatrique ; ce risque augmente pour les doses élevées ou répétées. La démonstration clinique de l’efficacité du métoclopramide reste par ailleurs insuffisante, que ce soit dans les nausées et vomissements induits ou non par les chimiothérapies. De plus, compte tenu de l’existence d’alternatives thérapeutiques, l’Afssaps a considéré que le rapport bénéfice/risque n’était plus favorable dans cette population.

Ces décisions sont prises dans l’attente des résultats de la procédure d’arbitrage européen demandée par l’Afssaps, durant laquelle la réévaluation des spécialités contenant uniquement du métoclopramide sera élargie à la population adulte, notamment chez le sujet âgé, en raison des risques neurologiques et cardiovasculaires potentiellement graves. Les conclusions sont attendues pour le 2e semestre 2012.

  Déclaration des effets indésirables

L’Afssaps rappelle que tout effet indésirable grave ou inattendu doit être déclaré au Centre Régional de Pharmacovigilance (CRPV) dont vous dépendez (coordonnées disponibles sur www.afssaps.fr ou dans le dictionnaire VIDAL).

Février 2012 Pr Dominique MARANINCHI  Directeur général de l’Afssaps

Liste des spécialités concernées et mesures prises par l’afssaps

 Spécialités indiquées uniquement chez l’enfant

PRIMPERAN® Nourrissons et enfants 2.6 mg/ml, solution buvable ;
PRIMPERAN® Enfants 2.6 mg/ml, solution buvable
• Suspension d’AMM (Spécialités en arrêt de commercialisation depuis le 04/07/2011) : rappel des   lots prévu le 9 février 2012 pour les stocks restant éventuellement sur le marché

 Spécialités indiquées chez l’adulte et l’enfant

PRIMPERAN® 10 mg, comprimé sécable ;
PRIMPERAN® 10 mg, suppositoire sécable ;
PRIMPERAN® 20 mg, suppositoire ;
PRIMPERAN® 10 mg/2 ml, solution injectable en ampoule ;
METOCLOPRAMIDE SANDOZ, 10mg, comprimé sécable ;
METOCLOPRAMIDE MYLAN, 10mg, comprimé sécable.

Contre-indication chez l’enfant < 18 ans :

– Rappel des lots prévu le 9 février 2012 et mise à   disposition transitoire de lots contre-étiquetés

– Actualisation majeure apportée aux R C P des spécialités à base de métoclopramide

– Indications thérapeutiques (ajout du libellé) : RESERVE A L’ADULTE

– Posologie et mode d’administration (ajout des libellés) : RESERVE A L’ADULTE

– Il est recommandé d’éviter une durée de traitement supérieure à 3 mois (cf. rubrique 4.4)

– Contre-indications : ajout de la contre-indication chez l’enfant de moins de 18 ans.

Mises en garde et précautions d’emploi (ajout des libellés suivants) :

  • Pour toutes les formes : Le traitement prolongé par (nom de la spécialité) peut entraîner des dyskinésies tardives, potentiellement irréversibles en particulier chez le sujet âgé. Le risque de dyskinésie tardive augmente avec la durée d’exposition et la dose cumulative administrée. Il est recommandé d’éviter une durée de traitement supérieure à 3 mois. En cas d’apparition de signes cliniques de dyskinésie tardive, le traitement doit être arrêté (voir rubrique 4.8 effets indésirables).
  • Pour les formes injectables uniquement : Des effets indésirables cardiovasculaires graves incluant des cas de bradycardie sévère et d’arrêt cardiaque peuvent survenir lors de l’administration par voie injectable, en  particulier par voie intraveineuse, de métoclopramide (voir rubrique 4.8). Une perfusion doit pouvoir être installée rapidement au cas où un remplissage vasculaire est nécessaire. L’utilisation de la solution injectable doit être réservée en milieu disposant d’un matériel de réanimation.

Effets indésirables (modifications des libellés suivants) :

Système nerveux central et manifestations psychiatriques:

  • Symptômes extrapyramidaux précoces : risque de survenue majoré chez l’adulte jeune et/ou lorsque la dose conseillée est dépassée, y compris après administration d’une dose unique : il s’agit de dystonies et de dyskinésies aiguës pouvant se manifester par des mouvements anormaux de la tête et du cou (spasmes faciaux, trismus, crises oculogyres, révulsion oculaire, protrusion de la langue, difficultés de déglutition,dysarthrie, torticolis), une hypertonie généralisée, voire un opisthotonos (voir rubrique 4.4).
  • Syndrome parkinsonien, tremblements, akathisie
  • Dyskinésies tardives : au cours du traitement prolongé, en particulier chez le sujet âgé ; il s’agit le plus souvent de dyskinésies bucco-faciales. Les extrémités et le tronc semblent être intéressés dans une moindre mesure. Les mouvements peuvent être de type choréo-athétosique (voir rubrique 4.4) […]

Surdosage (modifications des libellés suivants) :

En cas de surdosage, des cas d’arrêt cardiorespiratoire et/ou de décès ont été observés, notamment chez les nourrissons et les enfants. Des symptômes extrapyramidaux, somnolence, troubles de conscience, confusion, hallucinations, convulsions peuvent survenir.

Conduite d’urgence :

En cas de symptômes extra-pyramidaux liés ou non à un surdosage, la thérapeutique est uniquement symptomatique (benzodiazépines chez l’enfant, benzodiazépines et/ou antiparkinsoniens anticholinergiques chez l’adulte). On pourra renouveler leur administration afin de prévenir la récurrence des symptômes.

Un traitement symptomatique et une surveillance continue des fonctions cardiovasculaire et respiratoire doiventêtre mis en œuvre selon l’état clinique.

En cas de méthémoglobinémie, le bleu de méthylène à la dose de 1 mg/kg a été efficace en perfusion lente.

Primpéran® et génériques (métoclopramide) : contre-indication chez l’enfant et l’adolescent
  1. Qu’est-ce que le métoclopramide ? Quels sont les médicaments concernés par cette nouvelle contre-indication ?

Le métoclopramide (Primpéran® et génériques) est utilisé, chez l’adulte et l’enfant, dans les nausées et les vomissements, y compris ceux provoqués par les chimiothérapies anticancéreuses. C’est un traitement symptomatique : il réduit les vomissements mais n’en traite pas la cause.

Les nausées et vomissements sont des symptômes courants : ils correspondent à un réflexe de défense de l’organisme. Chez l’enfant, ils peuvent survenir notamment au cours d’une gastro- entérite ou en réaction à un aliment mal accepté. En cas de vomissements, il est important de faire boire l’enfant, des boissons sucrées ou salée, en fractionnant les prises, pour éviter la déshydratation.

Les médicaments à base de métoclopramide disposent d’Autorisations de Mise sur le Marché nationales dont la première date des années 60. Ils sont disponibles uniquement sur ordonnance et sont remboursés à 65 % (formes injectables) ou à 35 % (autres formes).

Les médicaments* indiqués chez l’enfant et l’adolescent et à base de métoclopramide uniquement sont les suivants :

  • PRIMPÉRAN NOURRISSONS ET ENFANTS 2,6 mg/ml, solution buvable
    • PRIMPÉRAN ENFANTS 2,6 mg/ml, solution buvable
    • PRIMPÉRAN 10 mg/2 ml, solution injectable en ampoule
    • PRIMPÉRAN 10 mg, comprimé sécable
    • PRIMPÉRAN 10 mg, suppositoire sécable
    • PRIMPÉRAN 20 mg, suppositoire
    • METOCLOPRAMIDE Sandoz, 10 mg, comprimé sécable
    • METOCLOPRAMIDE Mylan, 10 mg, comprimé sécable

* Les présentations diffèrent en fonction de l’indication (nausées et vomissements provoquées
ou non par les chimiothérapies anticancéreuses) ou de l’âge (adulte ou enfant).

  1. A quels risques expose un traitement par métoclopramide chez l’enfant et l’adolescent ?

Le métoclopramide peut être à l’origine d’effets indésirables neurologiques, notamment des tremblements, mouvements anormaux de la tête et du cou, etc. (appelés troubles extrapyramidaux). En France, les données de pharmacovigilance montrent que ces effets extrapyramidaux représentent une part importante des effets indésirables rapportés chez les enfants. De plus, les enfants seraient plus exposés à un risque de surdosage, par utilisation de formes non adaptées à l’enfant ou d’une mauvaise posologie, considéré comme un facteur de risque important dans la survenue de ces effets indésirables neurologiques. Ces effets étaient déjà mentionnés dans le Résumé des Caractéristiques du Produit (RCP) et la notice du médicament. De plus, plusieurs mesures ont été prises en France, notamment la mise à disposition depuis octobre 2010 de deux solutions buvables avec pipettes graduées distinctes selon le poids des enfants pour prévenir le risque de surdosage.

  1. Pourquoi l’Afssaps demande de ne plus utiliser le métoclopramide chez l’enfant et l’adolescent ?

En novembre 2010, une procédure européenne d’évaluation des données chez l’enfant et l’adolescent a remis en cause l’utilisation du métoclopramide dans la population pédiatrique dans la mesure où il existe un risque important de survenue d’effets indésirables notamment d’effets extrapyramidaux, ce risque augmentant pour des doses élevées ou répétées. De plus, le bénéfice du produit est insuffisamment démontré dans les nausées vomissements provoquées ou non par les chimiothérapies anticancéreuses. Tenant compte de ces éléments, l’Afssaps a donc effectué une réévaluation du rapport bénéfique/risque des médicaments à base de métoclopramide chez l’enfant et l’adolescent.

Sur la base de cette réévaluation, la Commission d’Autorisation de Mise sur le Marché, lors de la séance du 13 octobre 2011, a demandé de contre-indiquer chez l’enfant en dessous de 18 ans les médicaments précités à base de métoclopramide.

  1. Que dois-je faire si mon enfant prend du Primpéran ou un de ses génériques ?

Si le métoclopramide a été prescrit à votre enfant dans le cadre d’une chimiothérapie anticancéreuse, n’interrompez pas de vous-même le traitement : prenez contact avec votre médecin afin de discuter avec lui des autres possibilités de traitements.

Si le métoclopramide a été prescrit pour des vomissements, en dehors d’une chimiothérapie anticancéreuse, et que le traitement est encore en cours, consultez votre médecin afin d’instaurer un traitement de remplacement.

Vous devrez rapporter à votre pharmacien les boîtes entamées ou non utilisées.

  1. Quelles sont les recommandations pour les prescripteurs ?
  • Chez l’enfant et l’adolescent :l’Afssaps rappelle que des alternatives thérapeutiques sont disponibles.
    • Chez l’adulte :

En l’état actuel des connaissances, il n’y a pas lieu de remettre en cause l’utilisation du métoclopramide chez l’adulte mais un renforcement des informations concernant les risques neurologiques et cardiovasculaires a été ajouté aux RCPs et notices. Les prescripteurs ont été informés par courrier de ces modifications.

La Commission d’AMM a considéré nécessaire d’élargir la réévaluation de la balance bénéfice/risque chez l’adulte particulièrement chez le sujet âgé en raison notamment du risque d’effets indésirables neurologiques et cardiovasculaires (pour les formes injectables) potentiellement graves. Une réévaluation du rapport bénéfice/risque au niveau européen a donc démarré à la demande de la France.

  1. Quelles sont les recommandations pour les pharmaciens ?

Les spécialités concernées feront l’objet d’un rappel de lots le 9 février 2012.

Concrètement, les spécialités jusqu’alors indiquées chez l’adulte et l’enfant (PRIMPERAN 10mg, comprimé sécable ; PRIMPERAN 10 mg, suppositoire sécable ; PRIMPERAN 20 mg, suppositoire ; PRIMPERAN 10 mg/2 ml, solution injectable en ampoule ; METOCLOPRAMIDE SANDOZ, 10mg, comprimé sécable ; METOCLOPRAMIDE MYLAN, 10mg, comprimé sécable) feront l’objet d’un rappel de tous les lots non conformes.

Dans l’attente de la mise à disposition des produits avec une boîte et une notice mis à jour, tous les lots distribués seront étiquetés avec la mention « contre-indiqué chez l’enfant de moins de 18 ans ».

Les spécialités uniquement destinées aux enfants (Primpéran Nourrissons et Enfants 2,6mg/ml solution buvable et Primpéran Enfants 2,6mg/ml solution buvable), en arrêt de commercialisation depuis juillet 2011, feront également l’objet d’un rappel des lots, le 9 février 2012, pour les stocks restant éventuellement sur le marché.

En cas de prescription de métoclopramide chez un enfant ou un adolescent, il convient de prendre contact avec le médecin, afin d’envisager les alternatives possibles.

En cas de délivrance chez l’adulte, les pharmaciens doivent alerter les patients sur le changement des conditions d’utilisation afin de prévenir toute automédication chez l’enfant au sein de la famille.