Codéine chez l’enfant

UTILISATION DES MEDICAMENTS A BASE DE CODEINE CHEZ L’ENFANT

La description de quelques cas de dépression respiratoire parfois mortelle chez des enfants ayant reçu des médicaments à base de codéine a conduit l’agence européenne du médicament à diligenter une enquête évaluant le rapport bénéfice/risque de ce type de médicament lorsqu’ils sont utilisés comme antalgiques en pédiatrie.
La dépression respiratoire n’est pas lié à la dose, mais au métabolisme de la codéine chez des patients «métaboliseurs rapides». En effet, la codéine ne devient efficace qu’après qu’O-déméthylation par le cytochrome P2D6 hépatique l’a transformée en morphine pur. Chez les individus bons métaboliseurs, (70% des caucasiens), la morphine produite correspond à environ 10% de la dose de codéine, mais il existe trois autres groupes :

  • les métaboliseurs intermédiaires (10 à 15% des caucasiens), à l’activité enzymatique diminuée
  • les métaboliseurs lents (5 à 10% des sujets caucasiens)
  • les métaboliseurs ultrarapides (1 à 10% des caucasiens), qui tendent à majorer l’effet de la codéine en augmentant sa transformation en morphine, ce qui induit pour des posologies standardisées un risque d’intoxication sévère avec dépression respiratoire. Connu depuis 15 ans chez l’adulte, ce risque a été mis en évidence plus récemment chez l’enfant soit en postopératoire, soit même après allaitement lorsque la mère, elle même métaboliseur ultrarapide, était traitée par la codéine. Le risque est encore plus important dans certaines populations africaines – comme les éthiopiens – chez qui on retrouve un taux élévé de métaboliseurs ultrarapides. Faut-il pour autant déterminer le profil génétique de tous les patients susceptibles de recevoir de la codéine, ou même purement et simplement supprimer la codéine ? Quid du tramadol, dont le métabolisme approche celui de la codéine ? L’agence espagnole du médicament, en charge du dossier, tentera de préciser le rapport bénéfice/risque de ce médicament aux indications indéniables tant en douleur aiguë qu’en douleur chronique.

D’après Pr Frédéric Aubrun